Histoire du moulin de Landèves

merci à Gilles Déroche

Une famille de meuniers : les PAYER de Landèves
Dans "L'Artisanat en Argonne", nous avions déjà abordé les problèmes des petites entreprises de meunerie, en étudiant les moulins de Termes et de Saint Juvin. C'est à une évocation historique que nous nous livrons à propos du moulin de Landèves, propriété de la famille PAYER, dans la meunerie depuis plus de 300 ans.

 

Une généalogie bien étudiée
Un membre de cette famille a réalisé avec beaucoup de patience et de rigueur des travaux de généalogie très intéressants. Les résultats ont été publiés dans une brochure intitulée "Nous, les PAYER", dont nous tenons la plus grande partie de notre information.
Les origines sont sans doute autrichiennes. PAYER est la déformation de BAYER, forme "hoch-deutsch"de BAUER (paysan), remontant à l'époque où le Tyrol était bavarois (Notons que le PAYERHORN, sommet qui dépasse 3 000 mètres est situé dans le Haut Tyrol méridional).
A une époque inconnue, les PAYER quittent leurs montagnes pour s'installer en Lorraine. Au XVIIème siècle, Jean PAYER, le plus lointain des ancêtres connus, exploite un moulin à Chauvency-le-Château, paroisse voisine de Stenay, alors terre d'Empire. Le rattachement de cette ville à la France en 1654, puis l'annexion de 1659 par le Traité des Pyrénées, décident du destin français de la famille.

Dès le XVIIème siècle, les PAYER "suivent le cours des rivières" et se répandent dans le Bassin Parisien.
Antoine PAYER (1729-1788), dernier fils du meunier de Chauvency, épouse Louise SAVARY, fille du Meunier de La-Tour-à-Glaire, et s'installe à Vouziers. D'abord marchand de grains, il afferme les moulins de Vouziers, de Condé et de Termes.
Ses neuf enfants sont à l'origine de la partie la mieux connue de la famille. L'aîné reprend le moulin de Vouziers. Du second fils sont issus les PAYER de Charleville et les coiffeurs et peintres en bâtiment de Vouziers. Les enfants du troisième s'établissent meuniers dans le Porcien, à Rilly-la-Montagne, et dans la région de Francfort-sur-le-Main. Le dernier fils, Jean-Joseph, se fixe à Landèves.
Si quelques points restent obscurs, une certitude demeure : les PAYER sont meuniers depuis au moins 300 ans. Jean PAYER fait tourner dès 1673 la meule de Chauvency, et le moulin de La-Tour-à-Glaire est affermé par la famille de sa belle-fille depuis 1578 ! Une tradition semble s'être établie de tisser des liens conjugaux entre familles de meuniers. On trouve donc des PAYER meuniers à Asfeld, Balham, Condé-les-Vouziers, Baalon, Charleville, Hannogne, Manre, Ardeuil, Neuville-Day et .....Landèves.

Les origines du moulin

Le moulin existe-t-il depuis l'installation du camp romain de Chestres ? On ne peut l'affirmer. Le document le plus ancien attestant l'existence d'un "moulinet" sur le ruisseau de Chalan est daté de 1331 (Vente de deux arpents de terre par Bertrand de Ballay à l'abbaye de Landèves). En 1493, un mouliné propriété des moines de Landèves existe sur la Fournelle (Engagement à payer une redevance au Commandeur de Boult-aux-Bois)

Un espoir de renaissance ?
Aujourd'hui encore, les installations sont utilisées pour préparer des aliments pour le bétail. Les machines anciennes fonctionnent toujours, entraînées actuellement, toutefois, par un moteur électrique. La turbine SCHNEIDER & JACQUET, un prototype installé en 1923 existe toujours, et Monsieur Jean- Luc PAYER a songé à la coupler à un alternateur LEROY-SOMMER, pour produire du courant électrique. l'impossibilité d'utiliser la Fournelle pendant la période des basses eaux nuit à la rentabilité de ce projet.
Le désir de restaurer cette mécanique hante Jean -Luc PAYER qui prouve son attachement à  la tradition familiale en s'associant aux travaux de la Fédération des Amis des Moulins de France.

Etude réalisée par des élèves de 5ème du Collège de Vouziers sous la conduite de Gilles DEROCHE